Voici un petit aperçu de la vie à bord : nous sommes ancrés, donc cela signifie que nous tenons que par une chaine... donc au moindre coup de vent ou changement de direction des vents nous devons être vigilants. Notre voilier risque alors de « chasser », c'est à dire que l'ancre peut se déprendre et notre voilier part à la dérive. Si la dérive mène au large, ce n'est pas si mal, mais la plupart du temps il y a soit un autre voilier derrière nous ou des rivages sur lesquels nous pourrions nous échouer. Bref, nous ne dormons pas profondément par crainte que le voilier ne chasse. Sans oublier que les autres voiliers autour de nous peuvent chasser également en notre direction!! Outre l'ancrage, il y a la gestion de l'eau, nous avons des réserves limitées dans nos réservoirs. Nous n'utilisons pas l'eau de l'océan puisqu'elle est salée et ne permet pas de nettoyer les choses, de se laver convenablement et encore d'être utilisée pour la cuisson ou comme breuvage. Nous devons donc minimiser notre consommation d'eau, la vaisselle se fait avec un fond d'évier et il y a toute une logistique dans l'ordre de lavage pour éviter de souiller l'eau! Nous utilisons par la suite l'eau de vaisselle pour nettoyer les comptoirs et l'évier. La douche est un luxe, nous nous lavons à la débarbouillette la plupart du temps pour éviter le gaspillage d'eau. Nous nous permettons une douche aux 3-4 jours pour au moins se laver les cheveux. Vive le shampoing sec!!! Évidemment nous pouvons remplir nos réservoirs dans les marinas mais aller dans une marina signifie bien souvent faire un détour et si nous y dormons les coûts sont astronomiques (en moyenne 120$ la nuit... pendant un an... on fait le compte!). Donc vous aurez compris que se laver les mains, se brosser les dents, laver les légumes, tout doit être fait en minimisant l'utilisation de l'eau.
Pour l'électricité, nous sommes bien équipés avec notre éolienne et notre panneau solaire, nous devons toutefois minimiser notre utilisation. Dans le pire des cas, nous pouvons toujours partir notre moteur et recharger nos batteries... alors c'est moins grave que manquer d'eau.
La gestion des vidanges est également à considérer, nous devons conserver nos ordures avec nous d'une marina à l'autre et puisque nous demeurons parfois plusieurs jours sans escale... nous rinçons nos contenants et nous assurons de bien contenir les déchets nauséabonds en lieu sûr!
La gestion de la nourriture est également un défi, nous avons un très grand réfrigérateur mais un petit congélateur. Je n'ai pas encore optimisé le fonctionnement de ce dernier, il m'est donc difficile de conserver de la viande congelée plusieurs jours. Nous devons donc gérer les repas en fonction de ce qui dégèle en premier. Par exemple, nous ne pensions pas demeurés à l'ancre et naviguer jusqu'à jeudi prochain ... la dernière fois que j'ai fait l'épicerie était à Halifax, alors nous devrons vivre sur nos réserves pour les 4-5 prochains jours. Nous aurons probablement plusieurs repas de pâtes et légumineuses!!!!
Le lavage des vêtements... pas évident! Nous sautons sur les buanderies des marinas car le linge mouillé par l'eau salée ne sèche tout simplement jamais par lui-même. Nous avons eu un petit épisode où la valve du lavabo des enfants était demeurée ouverte (ou s'est ouverte avec les mouvements des fortes vagues?) et l'eau de l'océan a remonté dans le lavabo et mouillé le lit de Rafaël... Cela a pris un temps fou à sécher!
Voilà un bref aperçu des conditions de vie sous voile, évidemment je n'ai pas mentionné tous les moments où, sous voile, je dois cuisiner dans des conditions où le voilier est tellement penché que lorsque je place les légumes devant moi pour les couper, ils redescendent avant même que j'ai pu les trancher... Servir un verre de jus aux enfants devient alors un défi de Fort Boyard, je dois m'agripper au comptoir, prendre un verre dans l'armoire en essayant de retenir tous les autres verres qui tombe sur moi, ouvrir le frigo pour sortir le jus (cela doit se faire le plus rapidement possible pour conserver le froid dans le frigo!), verser le jus avec un angle de 45 degrés pour s'assurer de le verser à l'intérieur du verre et remettre le tout à l'enfant en s'assurant qu'il ne le renverse pas car lui-même est en déséquilibre quelque part!!!
Bref, nous avons beaucoup de plaisir mais la vie en voilier est un « mode de vie » et non un club med tout inclu!!! Je dois souvent me le rappeler car nous sommes souvent débordés malgré le fait que nous ne travaillons pas!! L'enseignement prend beaucoup plus de temps que je ne le croyais et toutes les tâches du quotidien sont plus longues. Par contre, lorsque Patrice se plaint de devoir se désancrer... je lui rappelle qu'il n'a pas à sauter dans sa voiture pour aller travailler devant son ordinateur et cela lui fait apprécier davantage notre belle réalité!!!
N'hésitez pas à nous écrire à notre adresse de Raftan, nous ne répondrons peut-être pas à tous vos courriels mais cela nous fait vraiment plaisir d'avoir de vos nouvelles et vos commentaires lorsque nous avons accès à internet!!
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