Nous sommes
arrivés en terre canadienne, plus précisément à Main Duck Island, la fin de
semaine dernière. Nos amis de la
Jeannoise et l’équipage de Maximo Alejandro nous y attendaient. Ce fut de belles retrouvailles qui ont mis un
peu de baume sur la fin de notre belle aventure. Je vous écris aujourd’hui de notre demeure à
Kanata, nous y avons remis les pieds dimanche soir après une absence de près
d’un an. Au départ, j’avais intitulé ce
blog, le retour à la vraie vie… mais cela sonnait trop faux pour moi, car pour
nous, la vraie vie, elle était là-bas ; ici c’est la réalité que nous devons ou
que nous choisissons de réintégrer. Plusieurs
voiliers et équipages que nous avons croisés étaient heureux de retourner chez
eux, reprendre leurs habitudes et leur rythme de vie, pour nous, ce n’était pas
vraiment le cas. Nous étions réellement
bien sur Raftan malgré les aléas de la vie de navigateurs et d’itinérance. Nous aimions ce rythme et ce style de
vie. Mais voilà, l’être humain étant
bien fait, nous nous adapterons à ce retour et y trouverons certainement de
nombreux avantages d’ici quelques semaines.
Pour l’instant, c’est un peu l’état de choc. En voile, nous avions un but, un sens à tous
nos gestes et décisions depuis notre départ;
nous devions surveiller la météo, assurer notre sécurité, prévoir les
escales, lire sur les destinations, s’approvisionner, etc. Lorsqu’hier soir je me suis retrouvée pour
la première fois assise devant la télévision,
j’ai senti un vide intense s’emparer de moi. Cela ne faisait tout simplement pas de sens
pour moi d’être entre quatre murs à regarder l’écran. J’avais l’impression étrange de perdre mon
temps, d’être en train de manquer quelque chose… cela doit être ça le
« blues » du retour.
Cette aventure
nous a probablement changés et ce plus que nous le croyons, notre regard sur
notre vie d’avant a déjà beaucoup changé.
Mon expédition d’hier au Costco m’a même un peu traumatisée! Après avoir vécu avec très peu d’accès aux
biens et provisions pendant près d’un an, je me suis sentie dépassée par la
quantité de choix que nous devons faire lors de l’épicerie. Dans les îles c’est plutôt simple, s’ils ont
des bananes tu en achètes; s’ils ont des tomates sans moisissures, tu en
achètes; si tu trouves de la viandes fraîches… tu sautes dessus! Je me souviens à quel point les enfants
étaient excités lorsque j’ai acheté des céleris à Sainte-Lucie… Bref, nous faisions avec ce qui était
disponible, alors imaginez le changement de revenir à une épicerie nord
américaine. Il y a tout de même de
grands avantages à pouvoir prendre son auto, se rendre à l’épicerie, mettre les
sacs dans sa valise et revenir à la maison en moins de deux heures sans se
soucier des vents, de la météo et sans avoir à marcher avec des sacs tellement
lourds qu’ils donnent l’impression que nos bras s’allongent. Le plus gros avantage que je vois à ce jour
est d’avoir une laveuse à linge à proximité, à volonté, que je peux quitter
momentanément pour vaquer à d’autres occupations!
Ce fut une
aventure extraordinaire et les souvenirs que nous en rapportons nous animeront
pour les années à venir. Nous commençons
à peine à réaliser, lorsque nous racontons notre vécu aux gens que nous
rencontrons, à quel point nous en avons vu et fait des choses en si peu de
temps. Nous avons énormément appris,
nous avons pris de l’assurance en tant que navigateurs et nous avons tissés des
liens familiaux encore plus étroits que jamais.
Ce n’est donc
pas la fin d’un rêve pour nous puisque la voile fait partie intégrante de notre
vie. Je dirais plutôt que c’est le
premier pas, celui qui donne le goût d’avancer encore plus rapidement vers le
rythme de vie auquel nous aspirons.
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